La Spezia, 13/14 avril 1943

L'équipage de l'Emile Allard en avril 1943

  • Marcel Le Cornec – contusionné à la jambe gauche –, capitaine (n'avait pas été nommé officier intérimaire),
    domicilié au Calvaire, Paimpol (Côtes-du-Nord),
    nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime par arrêté du 1er décembre 1943 ;
  • Gaston Buirette, chef mécanicien (officier intérimaire),
    famille à Royan,
    ancien titulaire du Service des phares et balises, chef mécanicien de l'Emile Allard de 1934 à 1943,
    nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime par arrêté du 1er décembre 1943 ;
  • François Auguste Gérard Demazières – disparu –, second mécanicien / officier mécanicien de 2e classe,
    29 ans (né le 14 juillet 1913 à Grand-Fort-Philippe dans le Nord), père de 4 enfants,
    domicilié à Esquibien (Finistère),
    inscrit à Dunkerque avec le no. 8155, service sur le croiseur lourd Duquesne,
    déclaré "Mort pour la France",
    cité à l'ordre de la Marine marchande en date du 1er décembre 1943 ;
  • Lemoine, radioélectricien / officier mécanicien (officier intérimaire),
    famille repliée à Angers,
    ancien titulaire du Service des phares et balises,
    nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime par arrêté du 1er décembre 1943 ;
  • Roudaut[1], officier mécanicien (officier intérimaire),
    retraité de la Marine nationale, précédemment sur le Charles Babin à La Rochelle ;
  • Jacq, maître d'équipage (titulaire),
    nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime par arrêté du 1er décembre 1943 ;
  • Pieters, matelot graisseur / chauffeur titulaire,
    famille repliée à Saint-Brieuc ;
  • Paul Le Louet – blessé (traité à l'hôpital Brizeux à Quimper) –, matelot de barre (titulaire) ;
  • Paul Petton[2], matelot titulaire,
    domicilié dans le Finistère ;
  • René Durand – disparu –, matelot graisseur / chauffeur,
    47 ans, père d'un enfant,
    domicilié route du Croaé, Le Conquet (Finistère),
    cité à l'ordre de la Marine marchande en date du 1er décembre 1943 ;
  • Marcel Schnorr – mortellement blessé –, matelot graisseur / chauffeur,
    33 ans (né le 18 juin 1909 à Gambsheim dans le Bas-Rhin), père de 2 enfants,
    domicilié 10 rue Poncelin, Le Conquet (Finistère),
    enterré au cimetière de Brest,
    cité à l'ordre de la Marine marchande en date du 1er décembre 1943 ;
  • Masson, matelot auxiliaire,
    ancien titulaire, licencié faute de navire en septembre 1940 ;
  • ?, matelot auxiliaire ;
  • ?, matelot auxiliaire ;
  • ?, matelot auxiliaire.

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Description de l'Emile Allard

Je ne peux faire mieux ici que de citer Bruno Jonin et Paul Marec (Mémoires englouties, p61-62) :

"L'Emile-Allard[3] est un bâtiment long de 47,25 mètres et large de 9,30 mètres. Il a une jauge brute de 474 tonneaux pour une jauge nette de 204 tonneaux. C'est un bateau en fer qui présente la silhouette typique des baliseurs avec une élégante étrave à guibre surmontée par de grosses cornes qui surplombent la mer et supportent les rouleaux des daviers nécessaires au maniement des chaînes de mouillage des bouées. A l'avant est installée une solide grue de levage qui domine un vaste pont dégagé pour permettre le transport de bouées. Le château allongé, qui abrite la machine et les logements des officiers, occupe l'essentiel de la moitié arrière du navire. Il est surmonté par la timonerie et porte deux mâts, un à chacune de ses extrémités. Sa cheminée jaune, qui s'élève juste en arrière de la timonerie, est frappée de l'étoile rouge à cinq branches du Service des Phares et Balises. Sa coque basse sur l'eau est peinte en noir, soulignée d'un liseré jaune. Ses superstructures sont blanches.

Comme l'une de ses tâches consiste à ravitailler en gaz d'éclairage les dizaines de balises et de feux dont il a la charge, l'Emile-Allard transporte, comme les autres baliseurs, plusieurs dizaines de longues bouteilles de gaz. Celles-ci sont stockées sur des râteliers qui occupent toute la partie de la cale avant située à l'aplomb de la passerelle et juste en arrière du carré et des logements de l'équipage.

L'Emile-Allard est équipé d'un double moteur Diesel Augustin Normand, à 12 cylindres, qui entraîne deux moteurs électriques Alsthom développant une puissance de 1000 chevaux. Ces moteurs électriques, qui permettent de régler avec une grande précision la vitesse de rotation des hélices, lui confèrent une grande souplesse de manœuvre. Celle-ci est bien utile lorsque, dans la houle, il faut s'approcher à toucher des bouées ou des ouvrages de maçonnerie. Ses deux moteurs actionnent chacun une hélice tripale et lui permettent d'atteindre 11 nœuds."

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Caractéristiques :

jauge brute : 474 tonneaux ;
jauge nette : 204 tonneaux ;
longueur : 47,25 m ;
largeur : 9,30 m ;
tirant d'eau : 4,70 m ;
propulsion : 2 moteurs Diesel Augustin Normand de 6 cylindres chacun,
entraînant 2 moteurs électriques Alsthom d'une puissance totale de 1000 ch ;
2 hélices tripales ;
équipage normal : 17 hommes ;
vitesse maximale : 11 nœuds.

 

JT, 6/2/11 (revu le 9/6/19)

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Sources

A tout seigneur, tout honneur! Bruno Jonin et Paul Marec ont été les premiers à reconstituer l'histoire de l'Emile Allard et de sa fin tragique. Leur ouvrage, pas toujours facile à trouver, est passionnant :

  • Mémoires englouties Tome 1, Bruno Jonin & Paul Marec, ASEB, 1994, p60-96.

D'autres livres évoquent l'épave de notre baliseur, parmi lesquels :

  • Des bateaux sous la mer, Yves Gladu & Sandrine Pierrefeu, Le Télégramme, 2001, p52-59 ;
  • Epaves des côtes de France, Bertrand Sciboz, Ouest-France, 2000, p88.

Pour ce qui est des sources primaires, le dossier F/14/20996 de nos Archives nationales permet de suivre les tribulations de l'Emile Allard de 1940 à 1943.

Le navire français est également parfois cité dans les communications radio de la Kriegsmarine :

  • Message Enigma ZIP/ZTPG/123105 (10 avril 1943), TNA, DEFE 3/267.

Bien naturellement, l'Emile Allard est présent sur beaucoup de sites web de plongée. Celui de François Marquise nous propose de très nombreuses photos et quelques vidéos de descentes sur l'épave entre 2011 et 2018.

Dans un autre registre, on ne peut passer à côté de deux sites qui s'attachent aux hommes tués à bord de l'Emile Allard :

Pour un aperçu de l'histoire des Phares et balises durant l'Occupation, on se référera avec profit à l'article de Jean-Marc Fichou : Les phares français pendant la Seconde Guerre mondiale, dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2001/4, n° 204, p109-123.

Enfin, de belles photos de baliseurs vous attendent sur :

  • Les Bateaux de servitude, Jean-Yves Brouard, Editions MDM, 2000, p36-56.

 

 

[1] Absent pour maladie le jour de la perte de l'Emile Allard.

[2] Il avait été légèrement touché le 23 juillet 1942.

[3] Alors "Emile Allard" ou "Emile-Allard"? L'usage moderne systématise "Emile-Allard", mais on trouve les deux notations dans les documents d'époque. J'ai choisi de conserver la première ("Emile Allard") qui est celle qui figure sur la coque du bâtiment.